LA VILLE MOITE
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- Auteur:
- SEBAA, Rabeh
- Specialité:
- Scociologie
- Faculté:
- Année:
- 2001
- Editeur:
- Dar el Gharb
- Nombre de pages:
- 88
- Langue:
- Fr
- ISBN:
- 9961-54-077-8
- Resumé:
- La ville est, à présent, contrainte au subterfuge et aux travestissements. Sa rumeur moite sent la psalmodie et le cadavre. Les vieux, assis, boivent amèrement le calice de leur honte. La peur les a gagnés. Et leur morale se trouve tapie dans l’incertitude de l’irrésolu. La blancheur de leur sérénité est à présent souillée. Leurs rêves cèdent la place aux regrets. Le doute gagne en brassées agitées. Le doute leur parvient déjà mouillé. Comment peuvent-ils convaincre ? Comment peuvent-ils se remémorer ? Et à quoi peut bien ressembler la mémoire maintenant ? Depuis quelque mois déjà, les rues sont muettes. Ruisselantes de maussade, d’interrogations trébuchantes, de coups de poing sous la table, de bouillonnements, de désobéissances en tout genre, de rigolades nerveuses, de silences assourdissants et de détonations sourdes. Les rues sont pleines d’apnées, de souffles coupés et de couples soufflés. Pleines de jets de pierres aux visages livides des lampadaires. Pour leur casser la lumière. Les rues cultivent à présent, le risque. A n’importe quel rite. L’angoisse matinale. L’affrontement quotidien de l’entrée de l’immeuble. Sortir furtivement, les mains mouillées, le cœur claquant des dents, les yeux compas. Sortir avec la marque au front ? Portant le refus, tel une infule. Ou alors rosser les serrures. A quoi peut bien servir une peau sauvée, se demande Ayed ? Une peau sans promesses est une peau d’otage, se dit-il. Aujourd’hui un poète a été assassiné. Il ne sait pas pourquoi. Personne ne sait pourquoi. L’angoisse matinale. Encore elle. Vivre et rêver la vie entre des murs aux pores bouchés. Des pores au souffle coupé.